Petite pause très méritée [Noah]

Mais c'est emmerdant, botter un ballon.

Mais tu vas le faire.

Est-ce que j'ai le droit de le faire dans votre figure ?

Jenna, s'il te plait. Tu veux vraiment une retenue ?

Avoir une retenue... d'habitude, j'aurais accepté avec joie. Mais j'avais décidé d'en avoir que quand cela était nécessaire. Et par un curieux hasard, j'avais déjà quatre autres retenues cette semaine. Et si je voulais avoir le temps de vivre ma vie, il fallait que je m'en tienne à ce nombre. Pas que je l'augmente. Le mieux aurait même été de diminuer, mais je ne pouvais quand même pas annuler mes retenues. J'aurais pu juste ne pas me présenter, mais là, au lieu de quatre retenues, je me serais ramassée avec quatre suspensions internes d'une journée. Fichard était littéralement impossible. Parole de prisonnière.

Non, ça va.

Je soupirai et levai les yeux sur le ballons à moitié gonflé que tenait le prof. Ça allait être pathétique, je le sentais. J'avais toujours détesté le soccer, et ça n'allait pas changer aujourd'hui. Ni demain. Ni dans une semaine. Enfait, ça n'allait juste jamais changer. Dommage, car mes cours de sports n'allaient pas s'arrêter avant l'année prochaine, lorsque je quitterais Fichard.

Le jeu commença. Les élèves courraient tous comme une bande d'idiots en essayant d'attraper le ballon. Moi, je restais où j'étais, les bras croisés sur la poitrine. Je devais trouver un autre moyen pour éviter d'avoir à jouer... et je devais me presser car le ballon, suivit d'une multitude d'imbéciles en sueur, se dirigeait vers moi. Merde, merde, merde... Qu'allais-je faire ? J'eus une idée. J'allais attendre que le ballon m'atteigne et feindre de me faire mal au pied en lui donnant un coup de pied.

Mon plan fonctionna. Aussitôt que le ballon toucha mon orteil, je poussai un gémissement en me prenant le pied et en sautillant. Comme j'étais plutôt bonne actrice (enfin, cela dépendait des situations), le prof s'approcha aussitôt de moi et me demanda si ça allait. Stupide, puisque je venais de (feindre de) me faire mal. Il me contempla quelques instants, puis me dit d'aller à l'infirmerie. Je m'apprêtais à partir en sautillant, quand il me demanda si j'avais besoins que quelqu'un m'aide à marcher jusque là. Je répondit que non. Je franchis la porte, et quand je fus dans le couloir, je relâchai mon pied et couru jusqu'à l'infirmerie. D'accord, ce n'était pas amusant, l'infirmerie, mais c'était vraiment mieux qu'un cours de sport. Je me lassai tomber sur une chaise dans l'espèce de salle d'attente. Il y avait tellement de monde, que, avec un peu de chance, j'allais peut-être pouvoir manquer mon dernier cours.

Cela faisait maintenant une dizaine de minute que j'attendait. J'attendais quoi déjà ? Ah oui, j'attendais la stupide infirmiere qui prolongeait sa pause. Encore. Deux ou trois élèves attendaient devant moi. Enfin l'infirmière arriva, amena un jeune dans son bureau et referma la porte. J'espère que je pourrai me rendre à mon cours de chimie avant qu'il ne finisse, pour donner un petit coup de poing sur le beau visage de celui qui m'a brûlé.

Eh oui, j'étais ici parce que je me suis brûlé. Nous faisions une forumle qui demandait l'usage de la plaque chauffante. Mon coéquipier, un an plus jeune, fesait pour la premiere fois la formule et ne savait point manipuler le matériel, et... Hop ! Il me renverse le soluté bouillant sur ma main gauche. Pourquoi est-ce tombé sur la main gauche ? Sur ma droite, j'aurais eu une excuse pour ne pas faire la production écrite de demain.

Une fille vint à mes côtés. Perdu dans mes pensés, ça m'a prit quelques secondes pour le réaliser... Je l'interpela.

-Salut

Je regardais de chaque côté. C'est fou, quand on attend, on remarque tant de détails inutiles...des détails sur lesquels on ne s'est jamais penché auparavant. Des trucs qui font partis de notre quotidien, qu'on regarde tous les jours mais sans les voir... en ce moment, je remarquais que c'était vraiment mal décoré. Peu pertinent, comme remarque, mais je me demandais sincèrement comment quelqu'un avait pu décorer un endroit de la sorte. C'était laid, impossiblement laid. Partout où je posais les yeux, je voyais quelque chose de laid. Un vieux cadre avec la photo d'un chat obèse, une plante jaunâtre toute défraîchie. Les murs étaient blancs, le plancher d'une couleur étrange et tout craquelé. Décidément, je plaignais l'infirmière, qui devait passer dans cet endroit à tous les jours pour venir travailler. Je ne voulais pas dire que le reste de Fichard était bien décoré, mais c'était tout de même moins laid que ce couloir.

Alors que je tentais de m'imaginer le look du décorateur, quelqu'un m'adressa la parole. Je me retournai et aperçu un gars. Il devait avoir mon âge... non, plus vieux. D'au moins un ans. Où deux... peut-être avait-il redoublé sa dernière année ? En le détaillant, j'avais presque oublié qu'il m'avait parlé.

Salut,

répondis-je.

Je l'observa quelques secondes, pour découvrir ses cheveux blonds clairs, ses yeux d'une couleur pâle et légère et son petit nez retroussé qui à l'air de défier toute personne qui le regarde. Eh oui, j'ai l'habitude d'analyser le physique d'une personne que je viens de rencontrer. Parfois, ça nous aide à comprendre son comportement et son charactère... Je ne sais plus où j'ai entendu cela, surement venu d'un phylosophe célèbre qui n'applique pas ses propres conseils dans sa vie.

-Pourquoi t'es ici toi ?

Pas que je veuille absolument savoir pourquoi elle est ici mais c'est par pure curiosité et pour entretenir une conversation qui va peut-être me sortir de mon ennui (enfin, je l'espère).

Le gars qui m'avais adressé la parole venait de me demander pourquoi j'étais à l'infirmerie. Mais si je lui disais la vrai raison, peut-être que quelqu'un entendrait et que ça finirait dans les oreilles de mon prof de sports... alors je me ramasserais de toute façon une retenue...Alors, lui avouer que c'était une manière peu subtile de foxer, ou lui mentir et lui dire que je m'avais vraiment fait mal au pied ?

Ah et puis merde. J'assumais entièrement le fait d'avoir dit n'importe quoi à mon prof pour échapper au soccer. Je l'a-ssu-mais. De toute façon, il n'y avait rien de mal à mentir une fois ou deux pour s'offrir une petite pause bien méritée... Et oui, je la méritais vraiment, cette pause, selon moi. Car je devenais meilleur. En tout cas, meilleur élève. J'essayais de me retenir d'insulter les profs, d'aller à mes cours et surtout, je minimisais mon nombre de retenues par semaine. Mais bon, tout ça était un moyen efficace de m'assurer que j'allais pouvoir foutre mon camp après cette année. Parce qu'il ne fallait pas seulement des bonnes notes pour dégager de Fichard... À moins d'avoir dix-huit ans.

Ça ne me tentais pas vraiment de jouer au soccer et disons que j'ai... feint de me blesser. Et toi ?

-Un %&*?@ de mec m'a brûlé la main, imagine toi donc.

Oh, il va en baver ! Si je n'arrive pas à mon cour de chimie avant qu'il ne finisse, je vais bien m'arranger... Peut-être le cogner dès que je le vois ? Ou bien, lui donner rendez-vous après l'école dans une ruelle bien tranquille... Non, j'ai quand même de la dignité. Je suis pas une brute dans un mauvais film... Je suis juste... Spontanné. Oui, spontanné. J'aurais du le frapper juste après qu'il m'ait brûler. Mais ma main me faisait trop mal alors... Ouais, je vais prendre la première option, qui est de le frapper dès que je l'aperçoie. Même au millieu du couloir, je n'ai rien de prévu ce soir alors une retenue ne me fera pas de mal.

Mais, j'y pense... Si elle a quitté son cour parce qu'elle s'est fait "mal", moi, à sa place, j'aurais plutôt éviter de venir à l'infirmerie. Dans cet ennui. D'attendre une femme qui ne fera rien d'autre que de mettre un bandage à l'endroit où l'on est blessé et de nous donné deux Advil.

-Je suis Noah. Et tu es... dis-je en esperant savoir son nom en retour.

Bon, tant qu'à être coincée dans la salle d'attente du bureau de l'infirmière pour rien, autant avoir une conversation avec quelqu'un. Parce que disons que je n'avais vraiment pas été logique. J'avais choisis de ne pas avoir de retenue, mais d'attendre pour rien. Tant qu'à ça, j'aurais du juste quitter le cour. J'aurais eu une retenue, et alors ? C'était quoi mon idée de vouloir tout changer ? Moi et mes résolutions stupides, défois. Bon, d'accord, changer pour le mieux n'était peut-être pas si stupide, comme action, mais quand même. Ça impliquait de trop gros sacrifices. Comme assister aux cours, ne plus sécher... Wow, j'allais seulement MINIMISER le nombre de mes retenues. Pas ne pas en avoir. Peut-être que j'essayais d'être un peu plus sage, mais je restais Jenna Parker.

Je suis Jenna. Alors comme ça... tu t'es fais calciner la main par quelqu'un.

-Ouais... Et c'est pas sans conséquence. Pour lui bien sur.

Je me surpris entrain de le torturer mentalement. Je me ressaisi, je suis si cruel et sadique ? Mais non, je dois penser à autre chose. Je suis un nouveau Noah, un Noah qui ne se rabaisse pas à se vanger. Un Noah moin vengeur et plus spontanné. Car c'est ce que je suis. Si on m'a envoyé à Fichard, c'est à cause de mon comportement. Pas que je suis d'accord avec mes parents, mais si je veux sortir un jour, il faut :
1. Que je réussisse mon année.
2. Qu'ils voient un changement.
Mais, de toute façon, je ne vais pas retourné vivre chez mes parents. Je vais me reconstruire une nouvelle vie, en oubliant Mary, mes parents, mon ami...

Ouais... Et c'est pas sans conséquence. Pour lui bien sur.

Je ne pus m'empêcher de sourire.

Pauvre gars brûleur de main. Noah avait l'air assez déterminer à se venger. Ça avait vraiment l'air sérieux. Je plaignais celui qui lui avait fait ça.

Même si c'était, genre, un accident ?

fis-je.

Parce que normalement, quand on voulait se venger, c'était parce que la personne avait fait exprès de nous faire chier. Du moins, c'était comme ça pour moi. J'essayais toujours de ne pas être en colère quand je réalisais que c'était un accident. Bien sûr, il m'arrivait d'être frustrée quand même. Comme une certaine fois ou une certaine personne m'était rentrée dedans... Je souris en me rappelant cette journée. Et dire que j'avais faillis haïr celui que j'aimais maintenant...

Peut-être que le gars a vraiment pas fait exprès.

-Mouais... Ça ne serait pas raisonnable de le frapper sans aucune raison...

Je comprenais son raisonnement. Mais j'avais renoncé, de toute façon, de le frapper. Je ne pouvais m'empêcher, à chaque fois que quelqu'un fesait une chose de ce genre, de penser à le tabasser pour qu'il regrette. Mais plus j'y réfléchissais, plus je reprenais mon calme et j'oubiais cette idée puéril. Car la vengance, c'est assez puéril. Je ne suis pas un gars comme ça (enfin, j'espère).
Je vis l'infirmière sortir de son bureau m'appeler. Je n'avais pas vu le temps filer, sans doute à cause de la minime conversation.
Je jeta un coup d'oeil à Jenna et lui fit un signe de la main en m'éloignant vers le bureau de l'infirmière.

-À la prochaine dis-je.