Suite de la plage [Jared]

PEOPLE LIFE♥ RELATION SHIP: I'm a lonely girl

Bip… Bip… Bip… Le bruit régulier m’exaspérait au plus haut point. Depuis combien de temps étais-je installée sur cette chaise vraiment peu confortable ? Longtemps. Je me rappelais la façon dont j’avais forcé l’infirmière à me laisser rester dans la chambre de Jared. J’avais du me montrer… Intransigeante.

Un docteur m’avait dit qu’ils l’avaient opéré mais que ce n’était rien de grave. Une côté s’était déplacée, et ça avait engendré d’autres machins aux noms ridiculement longs. Aussi, il m’avait dit qu’il ne se réveillerait pas avant plusieurs heures, mais j’étais restée depuis le début. Je me sentais mieux dans sa chambre que dans le couloir ou le hall d’entrée. C’était beaucoup plus tranquille… Et j’étais proche de Jared.

Mon estomac émit un gargouillement. Je n’avais rien mangé depuis longtemps, mais je n’en avais pas envie. Je penchai la tête en arrière, poussant un soupir. Combien de temps me restait-il à attendre ? Mes os me faisaient souffrir. Je me levai et fis quelques pas à travers la pièce, écoutant le « clac clac » de mes talons aiguilles. Quand je me tournai vers Jared, je me rendis compte qu’il était réveillé. Je m’approchai de son lit et me penchai doucement vers lui, m’appuyant sur le bord du lit.

- Salut, dis-je en tentant un petit sourire.

Le "Bip Bip" lointain que j'entendais me fit réaliser que j'étais revenu à moi. Les dernières heures, j'avais eu l'impression d'être entre deux monde. Ou plutôt, d'être mort et de seulement voir ma vie à la télévision. Quand Angie avait raconté ce qui s'était passé - ce qu'elle savait - à l'ambulancier, quand elle avait annoncé qu'elle venait avec moi, quand l'ambulancier avait du me donner de la morphine parce que je souffrais trop et que cette souffrance me faisait vomir, ce qui empirait encore plus mon état... Tout ça, je m'en souvenais, sans toute fois avoir l'impression de l'avoir vécu. C'était vraiment une sensation étrange... Mais j'imagine que la morphine ne m'aidait pas, en ce moment, à avoir des souvenirs clairs.

Je n'ouvris pas les yeux. À quoi ça servait, de toute façon... J'étais seul. Mes parents étaient toujours au Canada et ne pourraient venir - s'ils en avaient bien envie - que dans quelques jours minimum. Dereck et Nick ne devaient même pas être au courant de ma visite surprise à l'hôpital. Et malgré que je me souvenais qu'Angie avait insisté pour embarquer dans l'ambulance, je doutais qu'elle se trouvât encore dans la pièce, si elle y avait déjà été.

Les substances qu'ils m'avaient données commençaient à s'estomper et mes sens me revenaient peu à peu. Le "Bip Bip" était plus fort, à présent. J'entendais même les gens marcher et parler dans le couloir. Je sentais parfaitement l'odeur de l'hôpital, aussi.

La surprise qui dût se peindre sur mon visage quand j'entendis des bruits de talons haut dans la chambre était très probable. Ma première pensée fût qu'il s'agissait d'une infirmière qui venait vérifier si je me réveillais, puisqu'évidemment les sédatifs commençaient à faiblir. Mais qu'est-ce qu'une femme qui marche et qui court à longueur de journée ferait-elle avec des souliers si inconfortables? Alors peut-être... qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la chambre finalement... M'avaient-ils placés dans une chambre commune et la femme aux talons était la visiteuse d'un de mes nouveaux colocataires.

Reprenant peu à peu vie, je bougeai un peu pour voir les dommages. Mon torse était coincé et rigide, j'étais totalement incapable de bouger. C'était même à peine si je pouvais respirer, maintenant que j'y pensais. Le reste de mon corps semblait correct, si ce n'est de l'immobilité prolongée qu'il venait de vivre. Je dus avoir l'air un peu plus vivant car les talon-hauts, et probablement leur propriétaire également (haha, très drôle Jared -.-), s'approchèrent de moi jusqu'à en arriver à affaisser le matelas du lit S'était-elle assise? Ça commençait à me chicoter, là... J'avais envie d'ouvrir les yeux... Mais je n'eus pas le temps de m'exécuter - ça demande quand même de la préméditation - qu'elle me salua et que je la reconnus immédiatement. Pas besoin de voir, finalement.

- Salut, avait-elle dit doucement.

- Hmfrggh...

Élégance, élégance... Vraiment... J'étais incapable d'émettre un autre bruit que ce grognement primitif. Ouais, la classe, vraiment... Je souris, amusé par mon propre bruit. Je tournai la tête dans sa direction et ouvrit finalement les yeux. Ah lumière aveuglante... Je te déteste! Je grimaçai violemment et plaquai tout aussi durement mon avant-bras sur mes yeux, tirant au passage quelques fils. Un des ces fils dut déclencher le bruit strident qui me cilla les oreilles mais il ne dura pas longtemps, heureusement... ou non. Ce qui explique l'arrêt de ces horribles bruits c'est qu'une infirmière venait de débarquer à la course dans la chambre.

Je refermai les yeux en gémissant. Je n'avais pas envie que cette infirmière vienne m'emmerder. Non mais! J'étais seul avec Angie et je pouvais me la jouer petit héros souffrant! Pourquoi gâchait-elle tout ça?

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Songeant à ses mots incompréhensibles -ou plutôt à son bruit- je m'interrogeai sur le sens qu'il avait voulu leur donner, si seulement il y en avait eu un. Avait-il voulu me répondre et dire "Salut", "Merci d'être là"? Ou plus simplement le classique "Dégage". Sauf que ça, c'était MA phrase. Et là, il n'avait pas l'air contrarié que je sois près de lui, assise sur le bord de son lit, dans sa chambre d'hôpital.

J'esquissai un rapide sourire suite à sa grimace. Heureusement que la cause était la lumière et non ma présence... Quoique, la plupart des gens auraient eu cette réaction. A cette réflexion, je voulus sourire de nouveau mais il plaqua sa main sur son visage pour la lumière, arrachant un ou deux fils le reliant à une machine. Un bip aigu retentit dans la pièce. Franchement, ça faisait super mal aux oreilles. Jared... Très doué.

- P'tain, lâchai-je en me levant du lit, les mains plaquées sur les oreilles.

Très distingué, je sais... Et c'était autant destiné au bruit strident qu'à Jared et sa maladresse. Une infirmière débarqua en vitesse dans la chambre et rebrancha les fils, s'occupa de Jared et s'assura que ça allait bien. Si mon regard avait eu la capacité de tuer les gens, elle serait déjà morte depuis plusieurs minutes. Je me forçai d'oublier mes idées meurtrières. Après tout, ce n'était pas sa faute. Elle faisait son job. Mais ça, je n'en avais rien à faire... Je voulais qu'elle nous laisse tranquille, qu'elle parte de la chambre. Je m'approchai d'elle, les bras croisés, armée de mon regard glacial.

- Ça, c'est ce que l'on appelle une porte, dis-je en la prenant par le bras et en la mettant dehors.

Ouais, j'étais toujours aussi agréable... Je la regardai fermer sèchement la porte derrière elle. Si elle repartait sans rien dire, c'est que ce n'était pas indispensable qu'elle reste. De toute façon, je ne lui avait pas laissé le choix. Je revins vers Jared, un demi sourire aux lèvres. Je repris ma place près de lui. Je survolai du regard la pièce presque vide et blanche, les fils, et tous ces objets d'hôpital. J'avais vraiment horreur de ça, mais je devais rester. Je soupirai, pensant aux soirées que j'avais déjà passées dans une chambre comme ça pour voir ma mère. Qui elle ne serait même jamais venue prendre de mes nouvelles si j'y avais été. Puis, je me focalisai sur Jared, le regardant avec... tendresse? Oui, c'était le mot. Au fond de moi-même, je n'étais pas surprise. J'étais dotée d'un coeur, comme chaque être humain. Il avait juste été enseveli par la souffrance et la peur. Je laissai le silence se prolonger, mon regard plongé dans le sien. Pour rien au monde je n'aurais mis fin à ce moment presque magique.

Une fois habitués à la lumières, j'eus l'agréable loisir de pouvoir lever les yeux au ciel d'exaspération. Ça m'avait manqué, dites donc! Et l'exaspération, elle était seulement, je dis bien seulement, causée par l'infirmière qui était vraiment, vraiment, vraiment pas au bon endroit au bon moment. Angie avait l'air de vouloir commettre un meurtre et si j'avais été en état de le faire, j'aurais eut la même envie. Mais à quoi bon espérer quelque chose qu'on est certain de ne pas pouvoir accomplir...

Le "Bip Bip" était redevenu constant mais l'infirmière était encore en train de vérifier mes bandages et le reste des parties de mon corps qui n'avaient même pas l'air atteintes. C'était une vraie colle... Tient! Je me permis un nouveau roulement des yeux vers le plafond. Tout à fait nécessaire, d'ailleurs.

Soudain, Angie prit assez solidement l'infirmière par les bras et la mit dehors de la chambre. Si je n'avais pas eut aussi mal aux abdominaux j'aurais probablement bien rigolé. Mais je dus me contenter d'une grimace de douleur, puis d'un sourire.

- Alléluia, murmurais-je vraiment très beaucoup reconnaissant à Angie.

Quand elle sembla avoir retrouvé un peu de calme - je ne suis pas suicidaire, encore - je tapotai le matelas à côté de moi pour qu'elle vienne s'y rasseoir. Je fis bien attention aux fils, cette fois-ci. C'est moi qu'elle tuerait si jamais je recommençais à jouer à la corde à danser avec mes fils de constantes. Mais elle ne bougea pas. Peut-être que mon mouvement n'était pas très évident... Je regardai ma main bouger et souris en remarquant que ça ne bougeait à peine.

Je relevai le regard vers elle dans le but de lui dire de vive voix de revenir s'asseoir mais le regard que je lui trouvai me troubla. Bien qu'elle semblait avoir une sainte horreur des hôpitaux, peut-être de mauvais souvenirs, son regard n'était pas celui de quelqu'un qui y restait par obligation. Il n'était pas celui de quelqu'un ennuyé par de longues heures d'attente qu'un gars se réveille de son opération. Ce n'était pas non plus le regard d'une fille à qui ont vient de gâcher la soirée et la nuit, puisque dehors ça semblait être le levé du soleil. C'était celui d'une fille inquiète qui avait eut peur de perdre quelqu'un et qui était maintenant soulagée de la voir réveillé... Il était même... tendre. Ce qui était rare, peut-être de sa part mais aussi des étudiants de Fichard en général.

Je cessai d'essayer de bouger ma main - on m'a déjà dit que j'étais persévérant... mais ici ce n'est pas un problème de volonté, plutôt de "trop de choses sur la main qui l'empêche de bouger correctement" - et un silence s'installa. J'arrivais même à ignorer les bruits de machines autour de moi.

Puis, une infirmière entra de nouveau dans la chambre - pas la même, quand même - avec un plateau dans les mains. Si Angie essayait de la tuer elle aussi, c'est elle que j'allais assassiner. J'avais TELLEMENT faim! Je me redressai le plus vite que je pouvais - c'est à dire très lentement - et le plus que je pouvais - c'est à dire pas beaucoup - et regardai avec envie le plateau qu'elle plaça devant moi, sur une petite table sur roulettes. Je fis une moue déçue en voyant la quantité de nourriture mais l'infirmière m'assura que ça serait bien assez.<

- Mr. Withlock. Ne faites pas cette tête. Je serais bien étonnée de le voir si vous mangiez tout ce qui se trouve dans ce plateau sans dégobiller. Votre système est chamboulé par les médicaments alors il ne servirait à rien d'en demander plus. Il faut comprendre qu'ici ce sont les médecins qui décident de tout.

Mais j'avais froncé les sourcils à son premier mot. Ils avaient trouvés mon nom de famille? Comment... L'infirmière comprit et me répondit.

- L'école Fichard School nous partage tous ses dossiers au cas où des évènements comme celui-ci surviendraient. Donc avec la collaboration de votre compagne nous avons trouvé le vôtre. Maintenant, si vous m'excusez, je vais sortir de la pièce avant que votre charmante petite-amie me mettre à la porte comme elle l'a fait avec ma collègue.

Je souris et reporté mon attention sur le plateau.

- Le bouton bleu sur le côté du lit m'informera que vous avez besoin de quelque chose et je viendrai le plus tôt possible. Le rouge, c'est s'il y a une urgence. Si c'est pour changer vos draps pleins de nourriture digérée ce n'est pas une urgence... Mangez lentement, Mr. Withlock.

Je levai les yeux au ciel et dès que j'entendis la porte se refermer je me jetai sur la fourchette et la plongeai dans le maïs. Mais vu la perfusion que j'avais sur la main droite, je devais utilisé la gauche... Et ça allait être catastrophique...

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Le moment avait été trop parfait pour pouvoir durer encore. Super, j’avais vraiment beaucoup de chance, comme toujours… L’infirmière qui entra apportait un plateau avec de la nourriture. J’aurais été surprise de voir entrer celle que j’avais mise à la porte un peu plus tôt. Je regardai un peu plus attentivement ce qu’il y avait sur le plateau. Ça avait l’air vraiment peu appétissant et il y en avait peu. Normal, on se trouvait dans un hôpital, pas un restaurant quatre étoiles. Ce qui ne m’aurait pas dérangé d’y être… Mais ne rêve pas trop, Angie. Je posai mon regard dans un coin quelconque de la pièce, écoutant d’une oreille distraite ce que disait l’infirmière.

Oh non, pitié… Je pouvais endurer beaucoup, mais le voir vomir encore une fois n’était pas un des spectacles des plus agréables. Selon l’infirmière, c’est ce qui allait probablement se passer. Génial. De toute façon, même si la nausée me reprenait en assistant à ça, je n’aurais rien à dégobiller à mon tour puisque je n’avais rien dans le ventre depuis de longues heures. Je lâchai un soupir d’exaspération.

Charmante. Petite. Amie. Je la regardai en arquant un sourcil. Je n’avais jamais dit que j’étais la petite amie de Jared. Elle délirait, celle-là. Je toussotai. Discrètement, néanmoins. Assez bas pour qu’aucun des deux ne m’entendre. Et elle s’éternisait encore… J’avais bien envie de lui dire de se taire et de partir vite fait, mais je me tus et attendis patiemment. Comme j’étais sage... encore un peu et j’aurais l’auréole d’ange au-dessus de la tête. En fait, pas vraiment. C’était à mon tour de délirer, cette fois. Je l’entendis vaguement dire quelque chose à propos d’un bouton rouge et d’un autre qui était bleu, mais je ne fis pas attention. Je baillai, pour bien afficher mon ennui profond. Puis, elle partit, et je sortis de mes pensées quand mon estomac me rappela à l’ordre.

Brgrr… J’avais besoin de manger et mon estomac semblait s’en souvenir. Je décidai d’ignorer ma faim et je pris une chaise pour la mettre près du lit de Jared. Je m’assis en contemplant l’assiette sur le plateau. Je fis une petite grimace en voyant ce qu’il y avait dedans. Rien de très bon… Je me tournai vers mon « compagnon », comme avait dit l’infirmière.

- J’ai jamais dit que j’étais ta petite amie, dis-je avec une petite mimique innocente.

Comme si j’avais eu besoin de me justifier… Mais c’était la vérité. L’infirmière m’avait qualifiée de « Charmante petite-amie ». Charmante… Ça, c’était ironique. J’avais été particulièrement désagréable avec tous les gens qui m’avaient abordée dans l’hôpital, autant les médecins que les infirmières. Pour ne pas changer, bien sur. Je souris, amusée. Jared n’imaginait pas la chance qu’il avait que je fasse une exception avec lui. Enfin… Seulement si l’on pouvait considérer que me rencontrer était « une chance

Et dire que je n'avais pas remarqué que cette nourriture avait l'air tout à fait immangeable. Mais une fois dans ma bouche, je le remarquai assez rapidement. C'était absolument dégoutant. Mais j'avais faim, alors le goût il passe en deuxième. Je ne prenais absolument pas garde de ce que l'infirmière avait dit. Je ne l'avais pas vraiment écouter, de toute façon. Moi et l'autorité, vous savez... Alors je mis quelques longues secondes à comprendre la dernière phrase de Angie. Mon air niais ne persista toute fois pas assez longtemps pour ruiner ma réputation et je fis le lien avec le petit discours de la dame qui avait sauvé mon estomac.

- Hey hey! dis-je avec amusement. Je suis celui qui est hospitalisé alors il ne faut pas me contrarier. Donc, s'il-te-plait, ne contredit pas ce que cette dame à dit. Ça m'a fait plaisir.

Je continuai à manger avec bonne humeur et me mis à penser que c'était un peu anormal que je n'aie pas mal nulle part. Mais je finis par me dire qu'ils avaient dut me garder sous morphine et que c'était probablement mieux comme cela.

La dame avait raison, à propos de mon estomac fragile... Non pas que j'avais envie de dégobiller... Heureusement j'avais trouvé la force d'arrêter de manger avant et je repoussai la table roulante. La notion du temps sembla me revenir et je notai qu'Angie devait avoir passé la nuit ici... Ouf... Joie... Eh bien pour moi oui, justement, car savoir qu'elle avait passé la nuit ici pour moi était vraiment très flatteur et encourageant mais pour elle... Courage. Les hôpitaux sont assez hostiles avec les invités. Ce n'est vraiment pas gentil de leur part, d'ailleurs...

- Est-ce qu'ils ont prit soin de ma petite amie pendant que j'étais inconscient? lui demandais-je avec un regard joueur.

Je fis rouler la table dans sa direction.

- C'est pas siiiiiii mauvais.... Le maïs il pourrait même être bon. Et je crois vraiment qu'il faut que cette nourriture disparaisse de devant mes yeux parce que sinon je vais continuer à manger et tout dégobiller, comme elle a dit. C'est assez difficile puisque qu'il y en a partout autour de moi.... Je suis visiblement ambidextre mais ce qu'il y a dans l'assiette, ça devrait te faire du bien. Tu as la tête de quelqu'un qui vient de passer la nuit dans un hôpital... Ah ben tiens... C'est ce que tu as fait. Merci, pour ça. Ça aurait été particulièrement démoralisant de me réveillé seul... Tu sais, vraiment réalisé que je suis tout seul dans cette ville assez pourrie. Il faudrait vraiment que....

Mais je me fis couper par la dame qui a sauvé mon estomac qui rentrait dans la pièce.

- Withlock. Arrêtez de parler vous vous épuisez. Je viens renouveler votre dose de morphine et m'assurer que tout va bien...

Elle se tourna vers Angie.

- Quand il parle comme ça n'hésite pas à lui dire de la fermer... La morphine à ce genre d'effet sur certains... Ça calme la douleur mais quand elle commence à s'estomper ça les rend... Eh bien, comme ça. Mais il devrait se rendormir bientôt, maintenant, dit-elle en terminant de bidouiller sur les appareils. Je viendrai changer les draps à son prochain réveil.

Et elle ressortit, me laissant renfrogné. Pfft... Je m'enfonçai dans mon oreiller en refusant de dire un mot de plus pour lui prouver que la morphine n'avait rien à voir... Bon d'accord, ce n'était pas du tout mon état normal mais... Était-ce la morphine. Bon d'accord oui, elle avait raison. Et puis quoi encore?

- Si tu veux te coucher tu as la permission de partir... Ou de me pousser en bas de mon lit pour me le voler... J'aime mieux la deuxième option... marmonnai-je alors que je commençais à me sentir somnolent.

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Sceptique. C’était vraiment ce que j’étais en ce moment. Il était complètement délirant. Au moins, lui, il avait l’air d’être en forme pour quelqu’un qui venait de se faire opérer. Je réussis tout de même à lui sourire. Je n’allais pas perdre mon temps à lui lancer des petites remarques peu agréables pour le contredire… Si ça l’amusait, j’allais le laisser faire.

Au mot « petite-amie », je levai les yeux au ciel, un peu exaspérée, mais je le laissai parler. J’arrêtai la table roulante avec mon pied. Franchement, non merci. Je n’avais absolument aucune envie de passer le reste de la nuit penchée au-dessus d’une toilette à tout dégobiller. C’était certainement inoffensif, mais rien que le fait de penser à ce qui se trouvait sur le plateau pouvait me donner la nausée. Ouais, je sais… C’est ça, un estomac fragile.

Il continua son monologue, étant donné que je ne lui répondais pas. Maintenant, j’étais un peu amusée. Je l’écoutais vaguement, lorgnant le plateau de nourriture. Etait-ce vraiment immangeable ? Pour ça, il fallait goûter. J’étais en train de peser le pour et le contre quand l’infirmière rentra à nouveau dans la pièce. Vraiment pas moyen de passer un moment tranquille dans cet hôpital… Pour une fois, j’écoutai ce qu’elle avait à dire. Donc, c’était l’effet de la morphine. D’un côté, ça me soulageait. C’était tout simplement impensable de supporter quelqu’un dans cet état pendant longtemps. Surtout pour moi.

Je la regardai partir. Jared avait une mine boudeuse, comme un garçon de cinq an à qui l’on vient de refuser du chocolat. Cette pensée me fit sourire. Et dire qu’il allait bientôt se rendormir… Je ne pensais pas pouvoir tenir éveillée le reste de la nuit. Et dormir assise sur la chaise dure et inconfortable était vraiment peu tentant. Puis, il sembla répondre à ma question que je n’avais pourtant pas prononcée à voix haute. Sauf qu’il ne m’apportait pas vraiment de solution. Je ne voulais pas rentrer, je ne pouvais pas le pousser de son lit. Par contre, s’il ne venait pas de sortir d’une opération, s’il n’avait pas été relié à toutes ces machines, je l’aurais certainement fait.

Je ne répondis pas directement, faisant semblant de réfléchir. J’attirai le plateau vers moi et tentai une bouchée. En fin de compte, ce n’étais pas si terrible. J’en repris encore une, puis une autre. Je reportai mon attention sur Jared, le regardant.

- Je ne veux pas rentrer à Fichard cette nuit et je ne peux pas te pousser de ton lit, tu sais, dis-je, amusée.

Je tournai la tête, dégouté par la nourriture. Mon estomac était... disons... euh... retourné. Les médicaments, peut-être... L'opération... les contre-coups de toute cette douleur... Bref: mon estomac il bougeait bizarrement en ce moment. Mais je savais à quel point Angie adorait quand je dégobillais partout alors j'essayai de respirer normalement et de ne pas regarder cette nourriture dans les yeux pour qu'elle ne m'intimide pas. Je ne pus que sourire à son commentaire. Bien sur qu'elle pouvait me pousser en bas. J'étais prêt à payer le prix pour qu'elle reste. Mais une autre idée de me passa par la tête. Mais c'était tellement stupide et pervers que je la fis passer pour une blague.

- Si tu me supplies je peux toujours te faire un peu de place à côté de moi.

Je lui fis un charmant sourire avant d'éclater de rire et de me taire immédiatement à cause de la douleur que criaient mes abdominaux. Quand j'eus repris mon souffle et ma contemplation du plafond, je mes yeux étaient encore plus lourds... Ça assommait, ce truc... Mais je me battais pour ne pas m'endormir tout de suite. Pas quand Angie était à côté de moi.

J'avais conscience de m'en sortir plutôt mal. Je n'étais pas dans le pire état de ma vie malgré l'opération que je venais de subir. Constamment sous l'effet de la morphine, je n'avais pratiquement pas mal non plus.

Mes yeux se fermèrent tous seuls même si je ne voulais pas. C'était totalement contre ma volonté. Mais je ne dormais pas encore... J'étais toujours conscient et incapable de parler, je ne trouvai pas d'autre façon de le lui signifier que de tendre ma main aléatoirement dans sa direction. Mais avant même d'avoir atteint sa main ou une quelconque partie de son corps je sombrai pour un très long moment.

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Il s’agissait d’une blague et je le savais, mais malgré ça, je savais que je n’aurais jamais été capable de me glisser près de lui, dans son lit. Pas par pudeur ou par peur de ce que ça aurait pu représenter, mais à cause la présence physique. Après ce que m’avait infligé mon frère, je ne savais pas supporter une telle proximité physique. En plus si la personne en question était un homme. Je sentis mon cœur s’emballer. Si rien que le fait d’y penser me faisait paniquer, je n’osais pas imaginer ce que ça aurait été de le faire. Alexis avait gâché tant de choses dans ma vie… Je ressentis une vague de colère envers mon jumeau. Avant, ça aurait été de la peur, de la souffrance. Mais maintenant que je voyais clairement les conséquences de ses actes, je ne pouvais éprouver que de la haine. Bien sûr, la douleur était encore présente, mais l’envie de lui faire comprendre ce qu’il m’avait fait étouffait un peu le reste. Je me demandais s’il pouvait imaginer à quel point ça faisait mal. Ça m’avait déchirée intérieurement et ça resterait à vie. Je ne pouvais qu’apprendre à vivre avec, pas à l’effacer.

Je me rendis compte que j’étais complètement crispée, les yeux perdus dans le vide, les poings serrés. D’ailleurs, j’avais enfoncé mes ongles si profond dans ma peau que je portais quatre marques en forme de demi-lune sur la paume. Je regardai Jared, mais il avait déjà fermé les yeux. Je me levai, m’approchai doucement de son lit et le contemplai quelques secondes. Je souris tristement, pour une raison qui m’échappait complètement.

- Désolée, je n’y arriverais pas…

Je pensais parler dans le vide, mais je le dis quand même. Je n’avais pas envie qu’il m’entende, et même s’il était toujours conscient, ces paroles n’auraient aucun sens pour lui. Je déposai un furtif baiser sur sa joue et partis de la pièce, refermant doucement la porte derrière moi. Il allait dormir pour plusieurs heures, l’infirmière l’avait dit. J’allais retourner à Fichard, prendre une douche et me reposer un peu. Aurait-il le temps de s’apercevoir de mon absence ? Mais quoi qu’il arrive, je trouverais un moyen de revenir malgré les cours. Je n’allais pas dormir longtemps, juste pour récupérer un petit peu, me changer et je retournerais. Ça n’allait pas me prendre trop longtemps, normalement. L’école était plutôt proche de l’hôpital.

Je me dirigeai vers la sortie et pris un taxi. Je n’avais que trois chose en tête. Mon frère qui me hantai constamment, Jared –ça, c’était nouveau- et l’irrésistible envie de dormir. Même la faim passait après ça. J’appelai un taxi et je pris la route vers Fichard.