Ouache... [Pv. Silver]

Je revenais d'un cour de science éreintant. Pour qui il se prenait, ce con d'enseignant? Il a vu que je ne l'écoutais pas et il m'a demandé d'aller au premier rang. Comme je n,écoutais pas plus, il m'a donné vingts pages à faire pour le prochain cour. Même si je savais que je ne les ferais pas, je les ai commencés en classe. C'est difficile, les sciences! Maintenant, c'était l'heure du repas et je m'avançais sur la rampe. Je tendis mon assiette à la grosse dame derrière le comptoir et elle y déposa une espèce de bouillie brun pas très inspirant. Ouache.
- Hum... Je peux savoir c'est quoi?
- De la viande.
C'est de la viande, ça? Ça ressemble plus à de la viande dans un mixer. Je me demande comment les gens font pour le manger. Je sais, je sais, par la bouche. Mais... Sans vomir? Ça ne devait pas être aussi pire qu'il n'en paraissait. Je me dirigeai vers les tables, mais il n'y avait aucune place de libre. Je tournai quelques fois sur moi-même, avant d'en trouver une à côté d'une fille à l'air pas sympathique du tout. Je m'y dirigeai immédiatement, histoire de ne pas me la faire piquer. Je déposai mon plateau avec brutalité sur la table, et la fille se tourna vers moi.
- Salut. Moi, c'est Kim, et toi?

J'étais assise à une table dans la cafétéria. Je m'étais résigné à prendre la moindre petite miette de ce qu'il servait. Ça me paraissait étrange de voir que ces délinquants puissent manger des choses aussi dégoutantes. J'ouvris ma cannette de Coke que j'avais subtilisé à ma colocataire ce matin et en la porta à ma bouche.

J'avais une pile de feuille à remplir étant donné que j'étais nouvelle ici ? Ça me semblait être un vrai questionnaire de police. Oh oui, là dedans, je m'y connaissais ! D'une main ferme, je déposais mes lunettes sur mon nez pour mieux lire, je devais avoir perdu mon deuxième verre de contact, puisque je ne le trouvais plus. Noon, ça devait être Katty qui me l'avait pris. Cette sale garce. Je complexais sur ce petit détail; mes lunettes. Elles faisaient objet d'obsession chez moi. Bien qu'on n'arrêtait de me dire qu'elle m'allait à ravir et même que ça me donnait un petit air supposément " sexy ", je les détestais. Elles étaient rectangulaires et la bordure était légèrement rosée.

Revenons aux faits, je mis donc du temps à consulter mes documents, examinant chaque petit paragraphe. Quand j'entendis le bruit sourd d'un plateau qui vint s'écraser sur la table, je sursauta et releva la tête.

-Salut. Moi c'est Kim, toi ?

Je dévisageais donc cette Kim et sourit, légèrement moqueuse.

-Silver. Répondis-je simplement en retirant mes lunettes.

Assise à côté de Silver, sans dire un mot de plus, je piochais sans grand apétit dans la viande au mixeur de la garce du comptoir. Pouah! Je n'allais tout de même pas manger ça! Je me penchai vers mon Jell-O, mais il ne me semblait pas plus rassurant. Il bougeait quand j'essayais de le piquer, comme s'il était vivant. Peut-être qu'il l'était... Je le réduisit en charpie à l'aide de ma fourchette, pas question que je mange ça, puis pris une longue lampée d'eau, étant donné que ce serait surement la seule chose que j'ingérerais dans ce diner. J'avais vraiment faim. Mon estomac grouillait comme un débile. Je posai une main dessus, pour le calmer, mais il continua. Non, il fallait que je mange! Je me tournai vers Silver.
- Tu crois qu'il y a des machines distributrices dans cette fichue école?
Je n'en avais pas vue en rentrant, mais peut-être, je sais pas, dans le bâtiment des chambres, il y en aurait une ou deux. Sinon, je serais obligée d'aller en ville pour ne pas mourrir de faim. Mon estomac grogna une dernière fois.

Je levais la tête quand elle me parla une nouvelle fois. J'avais eu peur qu'elle mange ces horreurs. Pas que je craignais pour la vie de quiconque, mais plus parce que si je serais resté la à rien faire pendant que cette Kim faisait une intoxication alimentaire, ça paraîtrait louche, et j'aurais sûrement droit à un quatrième interrogatoire de police, ce qui, ne me plaisais guère.

J'haussais les épaules. Je ne le savais pas plus qu'elle. Mais pour ne pas qu'elle s'écroule devant moi - puisque non, je n'avais jamais appris à réanimer quelqu'un -, je fis rouler la pomme qui se trouvait à ma droite vers elle.

Je n'ouvris tout de même pas la bouche de tout cette échange.

Elle ne me répondit pas. Bonjour l'air bête! Au moin, elle me donna sa pomme. Je la pris avec reconnaissance. Au moins, grâce à elle, je ne mourrai pas de faim. Je pris une énorme croquée et le jus gicla dans ma bouche. Mon estomac se tut, quelques minutes plus tard, repu. Enfin! Silver semblait concentrée sur son coke. Bien sur, j'aurais aimé parler avec elle, mais elle semblait être complètement perdue. Ou simplement ne pas vouloir parler. Ennuyée, je fini ma pomme. Certains disent que le coeur de la pomme est bon à manger si on retire les pépins, mais je trouve seulement que ça a un gout de vomi. Je me risquai pourtant à essayer. Évidemment, je trouvai encore une fois ça dégueu et me forçai à avaler.
- Toi? Pourquoi t'es ici?
Je croyais que c,était la question que tout le monde posait à une nouvelle rencontre. Celle-ci non exclue. J'espérais qu'elle réponde, parce que je n'avais pas trop de gens à qui parler, en ce moment!

Je la regardais manger le coeur de ma pomme avec dégoût. Ça ne ce mangeait pas, non ? C'était dur et n'avait presqu'aucun goût.

" De toute façon, qu'est-ce que ça peut faire, Silver ? Maintenant tu es dans une école de délinquants... De drogués, de tueurs, de voleurs... Tu es à Fichard, Chérie. " Me murmura une voix interieure. Qu'elle se la ferme la voix intérieure et qu'elle aille se faire foutre...

Elle me demanda pourquoi j'étais ici. Jusque là, j'avais raconté la raison de mon arrivée à Fichard à une seule personne ; Bryan. Et je comptais bien en rester là, ce que je lui avais dit l'autre soir, que je n'étais pas fière de ce que j'avais fait, c'était vrai.

Sur ce, je l'observais quelques instants.

-Parce que le monde est plein d'innocents, Kim. Répondis-je en tournant la tête vers les formulaires que j'avais laissé sur la table. Et toi ?

[ HJ : Je ferai mieux, promis ! ]

Évidemment, une question en amenait une autre. J'aurais du y penser. C'était long à conter et tout le tralala. Je m'assit bien confortablement sur ma chaise. Ça promettait d'être long, et elle risquait de s'endormir.
- Ma mère est morte à ma naissance, mon père est parti bien avant ça. Évidemment, j'étais toute seule, pas une tante, pas un oncle pour venir me réclamer. Peut-être que je n'en ai pas. Certaines de mes familles d'accueil étaient correctes, mais certaines étaient infames. Les Smith, les derniers, ont été les pires des pires. J'ai en quelque sorte fugué, eux continuaient à recevoir l'argent qu'on leur envoyait. Oh, oui, et j'ai sombré dans l'enfer de la drogue très jeune. C'est pour ça que la famille avant les Smith m'ont un peu mise à la porte. Enfin, bon, je me suis ramassée ici car les policiers m'ont poursuivie à travers environ trois États avant de me rattrapper. Je suis plus rusée qu'eux! Et puis, je trouverais bien un moyen de retourner en Caroline du nord...
Je m'arrêtai, épuisée de conter ma vie, revivant avec souffrance chaque moment douloureux que j'avais vécu dans ma bien que courte vie. Mais peu importait. C'était sur que quelqu'un avait vécu quelque chose de pire que ça. Parce qu'ainsi allait la vie, on n'avait pas le droit de se plaindre. Pas la moindre petite complainte, sous peine de voir tout s'empirer. La chaise en plastique raide me faisait mal au dos, alors je me redressai. Puis, d'un air digne, je déclarai:
- Et aussi parce que le monde est plein d'innocents.
Je lui adressai un sourire complice. Percer ses défences serait mon but ce midi. Je pourrais m'en faire une amie, une alliée. Bien que ce ne soit pas exactement ce dont j'aie besoin, comme je voulais simplement m'en aller au plus vite de Stanford.

J'écouta son histoire avec attention. Avec pitié même. Non, avec tristesse. Cette histoire ressemblait à la mienne; morts, père indigne, familles d'accueil, fugue, autres délits... Enfin bref, ça résumait mon... Notre enfance. Oui, je l'écoutais raconter l'histoire de sa vie avec tristesse, la même tristesse et la même pitié que j'aurais voulu qu'on aille à mon égard. J'aurais voulu qu'on me regarde en disant " Regarde comme elle a l'air de souffrir, pauvre. ". Je voulais qu'on sentait la détresse et la souffrance qui tiraillait ma poitrine à maintes reprises le soir. Je voulais qu'on se dise que je ne méritais pas toute cette souffrance, tout ce fardeau. Qu'on voit comment j'étais hanté par la haine. Et vous savez pourquoi ? Parce que c'était simplement la vérité. Au fil des ans, les gens finissait par se former une bulle dans laquelle il regroupait toute leur énergie positive, ignorant le reste du monde, ignorant ce qu'était réellement la vie. La vie, vous la découvrerai quand cette bulle aura crevé, parce qu'avec, vous devenez aveugle, vous ne voyez plus rien du vrai monde. C'est quand enfin on crêve cette bulle qu'on peut se rendre compte du monde affreux qui nous entourait. Je l'avais compris il y avait quatorze ans.

J'évitais son regard, pour ne pas me mettre à pleurer. Mes yeux étaient embués. J'hochais brievement la tête.

-Nous avons eu la même enfance. Presque semblable : horrible.

J'aurais bien voulut lui retourner son sourire, mais j'en étais imcapable. Aujourd'hui, j'avais trouvé quelqu'un qui me comprendrait. Je passais une main dans mes cheveux, les yeux toujours fixé sur la table.

Elle semblait triste. Ses grands yeux bleus fixaient la table sans la voir à cause des larmes qui embrouillaient surement ses yeux. Je le savais car sa voix était trouble. Heureusement, ses longs cheveux cachaient ses yeux, empêchant le reste de la cafétéria de voir ses larmes. Supposées, bien entendu. Cette cafétéria remplie me semblait semblable à une meute de chacal. Chacun attendait de voir les faiblesses des autres pour pouvoir les exclure. Heuseusement pour Silver, je n'étais pas comme ça. Je lui tapotai doucement le dos, comme on le fait avec les petits enfants pour les réconforter. Je n'étais pas une experte des effusions de tendresse pseudo-maternelle. Chaque fois qu'un petit frère ou une petite soeur pointait le bout de son nez, je devais partir. Pouf, Kim.
- Ça va aller. Ce qui ne nous a pas tuée nous a seulement rendues plus fortes.
Ce n'était que des sottises. Peu importe ce qui nous arrivait, certaines choses ne nous rendait pas plus fort. Je pourrais tellement en nommer, mais je ne le ferais pas, car ce serait trop long.

Non, c’était faux. J’avais l’impression d’être un pion dans un jeu de Serpents & Échelles. J’étais le pion qu’on déplaçait. Celui qu’on avait choisi parce qu’il se démarquait. On brassait les dés. Super, un six. Quel chance, ou peut-être pas, puisqu’au bout des six cases, un serpent nous attend, près à nous faire descendre à la case départ, tout recommencer. Ce pion était bon à rien. Il gravissait échelons par échelons, mais s’empressait de reculer encore de quelques cases. Tout le monde savait que le pion ne se rendrait jamais à l’arrivée, mais on espérait en un miracle, on gardait confiance. Cependant, le pion était blasé de voir tous ces autres congénères le dépasser pour finalement arriver à la case arrivée.

Cette bataille constante était exténuante. J’en avais marre de courir sur un tapis roulant qui ne cessait de rouler de plus en plus vite vers l’arrière. J’étais contente de pouvoir en parler à quelqu’un.

Les voix autour de moi semblaient bourdonner dans mes oreilles. J’avais l’impression qu’on me regardait, qu’on m’épiait. Je détournais vaguement la tête; ça m’agaçait.

-Ce n’est pas vrai.

Ces mots m’avaient fait penser à une chanson. Les chanteurs pensaient qu’en chantant des paroles joyeuses et supposément positives, on achèterait plus leur musique. Ça n’avait aucun rapport, les gens étaient seulement idiots.

-Tu veux bien qu’on aille ailleurs ?

Je ne voulais pas partir sans elle. Enfin, pas là.

Je lui souris avec compassion. Bien sur, que ce n'était pas vrai. La mort de ma mère, le départ de mon père, la solitude ne m'avaient pas rendus plus forte. Elles m'avaient seulement forcée à prendre des décisions que je n'aurais pas prise sinon. Bien sur que je voulais sortir de cette cafet' bondée de connards qui n'attendaient qu'on parte que pour prendre nos places! Je voulais aller dehors, prendre de grandes inspiration d'air cahrgé de fumée, emplir mes poumons de cette délicieuse impression d'être ailleurs, en liberté...
- Moi je dis qu'on va dehors. C'est d'accord avec toi?
Elle acquiesça et je renversai mon jell-O dans ma soi-disant viande. Ça se mélangea sans même que j'y touche, donnant un mélange très peu ragoutant, encore moins que tout à l'heure, voire si c'était possible. Finalement, je jetai mon assiette avec mon repas, très peu désireuse de devoir décaper les restants de viande dans le fond du plat. Négligeamment, je balançai mon plateau sur le dessus de la pile. Elle m'imita, et, elle sur mes talons, je sortis de la cafétéria et me dirigea vers la porte. Rendue dehors, je me sentis tout de suite mieux. Je crois que j'étais en train de devenir claustrophobe... Les nuages dans le ciel, des gros nuages lourds de menace, ne m'inquièterent pas le moins du monde. J'adorais la pluie. C'était l'une ou l'autre des moyens de me rendre plus vivante. J'espèrais que ça nous tomberais sur la tête d'ici peu. Justement, alors que je pensais ça, une goutte de pluie me tomba sur le nez. C'est drôle comme le hasard est omniprésent dans nos vies, parfois...

[Suite dans Dehors]

[HJ: je suis désolée pour la très mauvaise qualité de mes lignes, j'avais 0 inspiration ce soir! Désolée...]