Comment pouvais-je savoir que dessiner sur les murs d'une classe était une activité interdite ? Quelqu'un aurait pu me prévenir, ou encore, le directeur aurait pu afficher ça dans le couloir, comme il avait fait avec les autres règles. Mais non, j'étais ''supposée être assez intelligente pour le savoir'', comme avait dit la petite madame du cour d'art plastique. En plus, c'est elle qui nous avait demandé de dessiner... elle n'avait juste pas précisé où. Alors moi, je m'étais dit que ça aurait été plutôt cool si il y avait eu un de mes beaux dessins affiché sur un mur. La petite madame ne l'avait pas pris comme ça. Elle m'avait assuré que je faisais ça '' pour attirer l'attention''. Moi, je lui avais répliqué que si j'avais voulu attirer l'attention, j'aurais dessiné sur un élève, mais elle n'avait rien ajouté, puis, avec un air menaçant, m'avait pointé la porte. Sur le coup, j'avais joué l'idiote et avait demandé : « Quoi, c'est là que je dois dessiner ? ». Et pour être appuyer mes paroles, je m'étais dirigée vers la porte avec mon crayon. Mais la petite madame, complètement sans humour, m'avait regardé encore plus croche et avait dit : « La salle de retenue. Tout de suite ». Et comme elle semblait sur le point d'exploser de rage, je m'étais dis que je ferais mieux d'y aller. Je n'avais pas l'habitude d'obéir aux profs, mais contrairement à ce que la petite madame avait affirmé, je n'aimais pas attirer l'attention sur moi. Alors je m'étais dirigée vers la porte, et j'étais sortis dans le couloir, me demandant si elle le remarquerait si je n'allais pas en retenue, que j'allais faire une petite balade à la place. Après mure réflexion, je m'étais dit que si elle ne le remarquait pas, les gardes, si. Et ma situation allait être encore pire.

Voila pourquoi je me trouvais actuellement assise sur une chaise anti-confort de la salle de retenue. J'étais assise à côté d'un gars à l'air vraiment perdu et d'une fille brune à l'air tout à fait saine d'esprit. J'étais tentée de parler avec cette dernière, mais je n'allais évidemment pas le faire. Question de principes.

Mais je n'étais pas stupide et méchante, non plus. C'est pour ça que quand le gars à l'air perdu pencha dangereusement sa tête vers la fille, je ne pus me retenir de hurler :

- ATTENTION !

Je ne savais pas ce qu'il comptait faire, mais il avait l'air tellement bizarre que la fille ferait mieux de se pousser en vitesse.

Voilà que j'avais eu ma première retenue. C'était vraiment chiant. Comment aurais-je pu savoir qu'en lançant mon compat, il retomberait sur le pied d'un élève innocent ? Et puis, c'était seulement mon deuxième " avertissement ", je sais, on se croirait en maternelle. Le prof de mathématique s'était frustrée parce que je lisais pendant son cours. Qu'ils se décident à la fin, ils nous saoulent toute la journée pour qu'on s'instruive et qu'on lise un peu, mais quand on fait ce qu'ils disent, on se ramasse en retenue.

Enfin bref, après avoir lu pendant un cours et planter accidentellement un compat dans le pied de quelqu'un, on se ramassait en retenue. Donc je vous déconseille de lire pendant un cours et de planter, je précise encore un fois, ACCIDENTELLEMENT, un compat dans le pied d'un élève. Maintenant, j'étais là, assise en retenue.

C'était simple pour moi. Ça m'évitait de rester à m'emmerder toujours au même endroit. La diversité est quelque chose qui compte beaucoup pour moi.

J'avais attaché mes cheveux et mis mes lunettes pour mieux lire, parce que oui, JE N'AVAIS TOUJOURS PAS RETROUVÉ MON VERRE DE CONTACT ! Bon, on revient aux faits. Je lisais donc tranquillement. Des deux autres personnes qui se trouvaient dans la salle, personne ne parlait. Silence total. C'était très reposant. C'est alors qu'un cris perçant vint troubler ce silence parfait. Je sursauta et échappa mon livre. J'écarquillais les yeux pour voir ce qui ce passait. Un garçon était apparement penché vers moi pour... Non, je ne savais pas pour quoi. Je poussais rapidement sa chaise, le faisant tomber. J'avais paniqué, c'était mon argument.

-Heu. Oui.

Je me retournais vers celle qui avait crier, un peu perdue...

-Merci... ? Dis-je l'air légèrement perplexe.

Avais-je vraiment gueulé ? Ce n'était pas mon genre, pourtant. Mais bon, faut croire que j'avais été vraiment inquiète pour cette fille. Mais c'était normal après tout : un espèce de perdu ou de je sais pas quoi se penchait dangereusement vers elle. Euh, qu'est-ce qu'il comptait faire, d'ailleurs ? Surement pas quelque chose de normal. Peut-être qu'il allait l'embrasser. Ou la frapper. Tant qu'à ça, moi, à la place de la fille, j'aurais mieux aimé qu'il me frappe. Il était tellement laid... Ouach. Je crois que j'aurais pu avoir mal au coeur s'il avait vraiment embrassé la fille. Et si c'était moi qu'il avait embrassé... Je me serais ramassé chez le psychologue de l'école. Ou encore pire, dans un hôpital psychiatrique pour traumatisme.

Bon, peut-être pas. J'aime bien exagérer, ok ? Sérieusement, s'il m'avait embrassé, j'aurais juste commencé à cracher comme une imbécile. J'aurais peut-être aussi crié. Et j'aurais donné un bon coup dans la gueule au gars. Oui, ça, ça aurait été plus mon genre que de me ramasser en psychiatrie.

- Weird... me contentai-je de dire. Très weird.

Mais bon, Fichard était une école remplie de genre ''weird''. Et si je n'aurais pas fait tant de conneries, je ne serais pas là à me plaindre et à regarder une total inconnue manquer de se faire agresser par un gros perdu.

Non mais qu'est-ce qu'il essayait de faire celui-là ? Hmm... Avec mûres réflexions, je préférais ne pas savoir. Légèrement traumatisée, je pris mes affaires et me levais pour changer de place, où plus précisement, de deux chaises sur ma gauche, donc, juste à droite de celle qui m'avait sauvé la vie. Je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'oeil effrayé vers le garçon qui se remettait de sa chute. On pouvait bien différencer les drogués de ceux qui se contentaient d'en rester à l'alcool.

J'aurait besoin d'une thérapie après ça. Voudriez-vous bien me dire pourquoi j'étais ici, parmis ces délinquants ? Parce que je l'ignorais. J'avais battu mon record de retenue - cinq retenues en quatre jours - ce qui me paraissais beaucoup trop.

J'acquiessais légèrement quand elle passa son commentaire, bien sûre, sans lâcher le drogué des yeux.


[ HJ : Je sais, c'est pathétique, mais bon... ]

Je fus surprise d'entendre un léger rire, mais en plus, ce léger rire devint rire fort et distint qui me frustra d'avantage. Je n'appréciais pas particulièrement qu'on se moque de ma gueule. Bon, il fallait dire que oui, j'avais paniqué, et surtout, qu'un inconnus s'était penché vers moi pour... Peut-être qu'il avait l'intention de matter dans mon décolleté le con ! Peut-être fallait-il même compter ça comme une tentative de viol... Je fronçais les sourcils et retourna à mon livre. Évidement, je ne pus m'empêcher de me mettre à pouffer de rire. C'est vrai que c'était intentinément drôle. D'ailleurs, je crois que le mot intentinément n'existe pas. Je vérifirai des le dictionnaire.

Finalement, j'éclatais carrément de rire, en pleurant presque.

-Q-quel... Quel con. Déclarais-je en riant toujours, incapable de bien formuler ma phrase.

Après tout, il avait tellement l'air bourré. Et puis, ça me faisait du bien de rire comme ça. Ça me libèrait en quelque sorte. J'étais tout le temps prise dans ma bulle, évitant les autres, je m'ouvrais parfois un peu plus à quelques rares occasions, mais très rarement. Enfin bref, cette école me changeait un peu plus à chaque jour. Je pouvais même dire que je me sentais plus à mon aise ici que d'en le monde " libre " .

- Mais Fichard est une école remplie de cons de la pire espèce, c'est bien connu.

C'était un peu bizarre que je ris autant pour une si petite chose. Il faut dire que mon comportement me semblait étrange même à moi, depuis quelques temps. Mais je me disais que ça devait être à cause des nouvelles rencontres que je faisais, et des retrouvailles qui m'étaient arrivées cette semaine.

Vraiment, cette année s'annonçait marquante. Moi qui, l'année précédente, ne parlais jamais, sauf pour répliquer aux professeurs d'aller se faire foutre, je commençais à sympathiser avec certaines personnes. Bon, d'accord, je ne commençais pas à parler à tout le monde que je croisais. Surtout que la plupart des gens à qui j'avais parlé jusqu'à maintenant étaient mes amis retrouvés...Hope, Ryan. Mais là, j'étais entrain de rire avec une fille dont j'ignorais encore l'existence quelques minutes auparavant. C'était un peu... vraiment étrange. Mais bon, peut-être que ma vie allait changer de façon positive. Peut-être que j'allais trouver d'autres moyens de vivre qu'en pétant des trucs pas à moi.

Peut-être que maintenant que j'avais retrouvé les deux personnes avec qui je m'entendais le mieux durant mon enfance, ça allait mieux aller. Peut-être que j'allais me sentir vraiment soutenue et appréciée. Enfin quelqu'un qui ressentait autre chose pour moi que de la pitié ! Enfin, quelqu'un de vivant, parce qu'aussi longtemps que je me souvienne, mes parents n'avaient jamais pitié de moi. Bon, d'accord, ils n'étaient pas encore morts, alors ils...

Non, non, je ne devais pas penser à ce foutu sujet là.

Bon, alors, concentrons-nous sur le positif... Comme je le disais, cette année allait sûrement être importante, car j'avais du véritable soutient, et ça me permettait d'être heureuse sans casser des fenêtres. Tout un progrès, il aurait fallu que quelqu'un l'annonce à ma chère tante...

Bon, n'exagérons rien, je n'étais toujours pas heureuse. J'avais juste perdu l'envie de pleurer à chaque seconde qui passait.

Et soyons clairs ; je n'allais pas me mettre à parler aux gens d'avantages. Sauf cette fille que je venais de rencontrer, parce que ça aurait été bizarre si je l'envoyais promener maintenant.

-Mais Fichard est une école remplie de cons de la pire espèce, c'est bien connu.

Ahhh, ça c'est sûr et certain. Une école de délinquants. Voyez-vous, quand on m'avait dit, au tout début, qu'on allait m'envoyer dans une école pour délinquants, je me voyais déjà entouré par les mêmes débiles mentaux complètement pervers qu'étaient mes supposés gentils camarades de classe de première secondaire. Oui, oui, de vrais délinquants... Oh, la poisse. Il faut dire que je m'étais trompée, je l'admet. J'avais fait des rencontres... Disons, intéressantes. Mais ça ne change à rien que les imbéciles qui peuplaient ma classe passaient pour des délinquants. Nous étions la pire classe de tout l'école, j'en étais, et j'en suis encore, persuadée. Rien que des crétins boutonneux, machos et agaçants qui se croyaient drôles. Ahh, c'était encore dans le temps ou les hommes n'avaient pas encore compris qu'ils avaient besoin de nous plus que tout au monde, et que plus tard, ils auraient à s'agenouiller devant nous pour qu'on leur pardonne toutes leurs conneries ; les gommes collés dans les cheveux, les cahiers volés, les morceaux d'efface qu'on recevaient par la tête à chaque cours, les mots dégueulasses, les pires commentaires sur notre physique, ou encore toutes leurs blagues déplacées.

Les trois premières années de mon secondaire on était les pires de toute ma vie... On dirait que dès que ces primates entraient en secondaire, ils avaient une poussée incroyable d'hormones et, ce, jusqu'en secondaire trois. Plus tard, ça se calmait, et ils devenaient plus qu'adorables... Bon, peut-être pas tous, mais la plupart.

Pour être plus claire, je crois que Fichard était moins pire que l'école secondaire. Difficile à croire, je sais. Tous les garçons, ici, avaient déjà dépassé le stade du taux d'hormones trop élevé. C'était déjà ça.

Bien sûre, on sentant, j'aimerais beaucoup mieux ne pas être à Fichard qu'y être, mais si j'aurais à choisir entre rester ici, ou bien remonter le temps et être au secondaire avec tous ces débiles, je choisirais la première option. Oui, oui, c'est si pire que ça !

-C'est qu'on en a vu tellement qu'on en est rendue totalement habituée. J'ai vu pire, et plus désespéré comme cas.

Je fis une courte pause.

-Silver. Me présentais-je en me retournant une nouvelle fois.

-C'est qu'on en a vu tellement qu'on en est rendue totalement habituée. J'ai vu pire, et plus désespéré comme cas.

Moi aussi j'avais vu pire. Tellement pire. Ce gars bizarre qui s'était penché au-dessus d'elle, ce n'était rien comparé à ce que j'avais vu. Ce gars devait seulement être un espèce de schizophrène non-médicamenté depuis qu'il était à Fichard. Ou peut-être juste un malade mental... Ou il dormait et il était somnambule alors il était tombé sur cette fille, parce qu'il rêvait que... Oh bon sang, je devais arrêter d'émettre mes hypothèses ; elles étaient aussi stupides que le gars schizo-malade-somnambule...non-médicamenté... je devais vraiment arrêter de penser au gars, au risque de me troubler. Bah, j'étais habituée de me troubler, mais à cause de moi et pas d'un schizo non-médica...je devais vraiment faire taire mes pensées...

Encore les pensées de la bonne vieille Alexis qui était morte depuis un bout. Il fallait croire qu'elle était ressuscitée... Tant mieux, j'avais justement quelques questions à lui poser. Et si elle ne me fournissait pas de réponses, ça allait barder... Me taire. Me t-a-i-r-e.

-Silver.

Je sursautai, puis réalisai que la fille venait seulement de se présenter. Moi et mes réactions weirdos, parfois... Non mais quand même, sursauter quand quelqu'un se présente. Elle ne m'avait pas annoncé qu'elle avait l'intention de faire exploser le monde, elle s'était seulement présentée...Quoi que si elle avait l'intention de faire exploser le monde au complet, je lui aurais dit de commencer par Fichard. Et peut-être d'attendre que je me trouve une autre planète pour déménager avec ma petite soeur et Ryan, tant qu'à y être... « Et peut-être que tu pourrais arrêter tes idées stupides, aussi...», ah ouais, je n'avais même pas pensée à ça ! Bonne idée !

-Alexis, me présentais-je à mon tour.

Il me sembla la voir légèrement sursauter. J’arquais un sourcil bref. Hum oui… Je souris pourtant légèrement. C’était bien, même rassurant de savoir que la personne en face de vous n’attendait rien de votre part, sauf, peut-être, une simple réponse.

Je passais une main dans mes cheveux, en attente d’une réponse. Les secondes semblaient s’écouler sans qu’elle ne parle, pourtant. Elle finit enfin par ouvrir la bouche.

-Alexis. Se présenta-t-elle

C’était aussi soulageant d’avoir une réponse de sa part. Je commençais simplement à douter du fait qu’elle était encore vivante, qu’elle n’était pas en état de transe, ou autres conneries du même genre. Parce que, oui, j’imaginais déjà la scène… Je n’avais aucune compétence en réanimation, ou carrément dans tous les actes qui exigeait un minimum de connaissance de la sécurité. Le pire dans tout ça, c’était que j’avais déjà pris des cours de secourisme. Oui, oui… Quelle perte de temps ! Mais bon, évidemment, j’avais échoué tous les tests. C’était catégorique, quand quelqu’un se noyait, perdait connaissance, ou autres, Silver ne devait en aucun cas intervenir, question de vie ou de mort… Une fois, quand j’avais… Quinze ou seize ans je crois, j’avais gardé une fillette de quatre ans. Quand elle s’était mise à tousser et à tousser encore, jusqu’à en devenir rouge, j’ai été prise de panique et j’ai été prévenir les voisins qui sont accourus. Non, la fillette n’est pas morte, aujourd’hui… Mais je n’ai plus jamais gardé d’enfants.

Me rendant soudain compte que c’était le silence complet et que la situation devenait un peu embarrassante, je pris la parole.

-Et tu es ici depuis longtemps ? Demandais-je en haussant légèrement les sourcils, mine qui voulait signifier " Je sais, pathétique, mais j’essais d’engager la conversation, c’est au moins cela. "


[ HJ : Pas trop d’inspiration, comme on peut le constater… ]

Le silence qui suivit ma réponse ne me causa aucun embarras. Certains détestaient quand personne ne parlait, soit parce que ça les rendaient fou (pour ce genre de personnes, le silence était comme le crissement des ongles sur un tableau) ou tout simplement parce que ça les rendaient mal alaises. Mais pourquoi donc ? Le silence était le silence, et ce n'est pas parce que la personne d'en face ne savait plus quoi dire pour combler la conversation qu'on allait la détester !

Pourquoi donc être mal alaise, alors ? L'homme était une créature bien complexe sur certaines sujets... Et moi qui voulait soit travailler dans le domaine médical, soit dans le psychologique... Bon début, bon début. Premier sujet de dissertation si j'allais à l'université : Pourquoi le silence rend les gens mal alaises/et ou malades mentaux ? Ouais, ouais... God il fallait que je me rende à l'université d'abord ! J'avais beau être intelligente, je n'étais tout de même pas sûre que l'université adorait les casiers judiciaires.

-Et tu es ici depuis longtemps ? demanda Silver.

J'aurais parié que Silver allait briser le silence. Bah, de toute façon, si elle ne l'avait pas fait, c'est moi qui l'aurais fait. Pour la bonne raison que sympathiser ne m'arrachait pas une grimace de dégoût, comme je me l'avais si souvent imaginé.

- Assez longtemps pour dire que la bouffe est dégoûtante, que les lits grincent, que la femme de ménage est une pauvre tarte sur le B.S, que le directeur est un fou avide de cash, que la plupart des élèves sont des paumés et que les plafonds dans les salles de classes font vraiment dur.

J'avais bien d'autres constatations inutiles à émettre, mais pas pour le moment. Je n'étais pas supposée parler autant...

- Et toi ? demandai-je à Silver.

[ HJ : Toi c'est ben correcte, c'est moi qui est en manque sérieux d'inspii xD]

-Assez longtemps pour dire que la bouffe est dégoûtante, que les lits grincent, que la femme de ménage est une pauvre tarte sur le B.S, que le directeur est un fou avide de cash, que la plupart des élèves sont des paumés et que les plafonds dans les salles de classes font vraiment dur. Avait-elle simplement répondu.

À ces mots, je souris. Pour l'instant, je ne m'étais pas risquée à m'approcher de la cafétéria, sauf peut-être pour m'y assoir, donc je ne craignais rien pour ça. Les lits qui grincent, j'avais remarqué... Il ne faisait pas que grincer, il semblait se détruire petit à petit. Pour l'instant, la femme de ménage ne c'était pas encore risquée à entrer dans ma chambre. J'avais déjà rencontré le directeur, mais notre rencontre fut assez courte, puisqu'il comptait l'argent qu'il avait dans ses poches en pensant que je ne remarquais rien. Que les élèves étaient paumés, j'avais remarqué, ainsi que du fait que les plafonds de classe étaient minables, sals, couverts de gommes, et parfois, on levait les yeux pour apercevoir les tuyaux qui sillonnaient dans le plafond, car quelqu'un en avait encore arraché un bout.

-Et toi ? Me demanda-t-elle, me sortant une nouvelle fois de mes pensées.

-Ça fait quatre jours... Donc non, pas vraiment. Lui répondis-je en hochant brièvement la tête.

Il me semblait pourtant que ça faisait une éternité... On aurait dit que j'avais passé toute ma vie dans cette école. Ou même, que j'étais destinée à finir dans un trou comme celui là.

-Ça fait quatre jours... Donc non, pas vraiment.

Quatre jours ? C'était déjà assez, selon moi. Quatre jours signifiait 96 heures. Donc assez de temps pour remarquer à quel point Fichard était nulle, comme école. Selon moi, une journée était déjà assez. Car ça ne prenait qu'une journée pour réaliser que les lits grinçaient et menaçaient de tomber à chaque mouvement, une journée pour goûter et détester le menu de la cafétéria, une journée pour s'apercevoir que la bonne aurait du être internée en psychiatrie et prendre un bain, une journée pour s'apercevoir que le passe-temps préféré du directeur était empocher, frauder, abuser et compter, et une journée pour observer le plafond avec les autres paumés d'élèves.

- Quatre jours à Fichard, c'est une éternité. À l'extérieur, quatre jours ne sont que quatre petits et misérables jours, mais ici, ce sont quatre longs et pénibles jours. C'est fou comme le temps peu passer plus vite et moins vite en fonction des endroits où nous nous trouvons...

Surtout quand nous étions à Fichard. Ici, c'était comme si les horloges avaient été programmées pour que leurs aiguilles prennent tout leur temps à faire un tour. Comme si le soleil prenait son temps à descendre et à monter le jour et la nuit. Comme si les minutes complotaient contre nous à fin d'être plus lentes et longues que jamais. Bien sûre, ce n'était qu'une impression. Au fond de nous, nous savions que le temps passait exactement comme à l'extérieur. Mais pour garder espoir, on se disait : « Ah, c'est une erreur. Le temps va reprendre son cours bientôt...». Nous n'aimions pas imaginer que ce serait aussi long pendant des années et des années...Vivement nos départs.

- Quatre jours à Fichard, c'est une éternité. À l'extérieur, quatre jours ne sont que quatre petits et misérables jours, mais ici, ce sont quatre longs et pénibles jours. C'est fou comme le temps peu passer plus vite et moins vite en fonction des endroits où nous nous trouvons...

J'appuyai la paume de ma main contre mon menton et souris faiblement. Je m'attendai effectivement à ce genre de réponse. Oui, quatre jours c'était tout de même long, et apparement, le temps ici, semblait passer au ralenti, mais j'étais restée la plupart du temps enfermée dans ma chambre. Être séparée du reste du monde semblait arrêter le temps. Non, en fait, je dirais que le temps est toujours en marche, mais il n'existe plus, reste un facteur facultatif et ininterressant... On ne voit pas le temps passé... Les journées, les heures, les minutes, les secondes, tous s'éclipse soudainement et laisse place au silence, à la tranquilité. Voilà ce que j'éprouvais dans ces moments. J'avais perdu la notion du temps, et ses quatres jours m'avaient parus très courts.

-En fait, quand on passe ce qui correspond à environ le trois quart du temps dans sa chambre sans se soucier du temps, ça passe à une vitesse folle. Répondis-je sur un ton neutre.

C'est vrai, quand on y pensait, tous ces gens qui stressaient, c'était à cause du temps. Si l'élément qu'on juge si important aujourd'hui, le temps, n'existait pas, la vie serait beaucoup plus tranquille. Sur ce, je poussai un léger soupire.