{ ÉLITE | PORTRAIT, PV Matt & Rose

La discrétion même que j'étais, je me dirigeai silencieusement, cahier sous le bras, dans le couloir quasi désert entre le reste de l'école et les bâtiments sportifs. J'espérais ne pas y être dérangée... Dans la croyance générale de l'école, les dortoirs sont supposés être l'endroit le plus calme. Mais dans mon cas, c'est tout à fait faux. J'ai pour voisines deux filles qui semblent se taper toute la gente masculine de Fichard toutes les nuits. Juliet quelque chose et Arielle... ou Adrielle machin-machin. Elles ont de l'action dans leurs vies, elles. Pas comme moi, au moins. Je ne connais personne, ici. Et personne ne me parle. Je n'ai pas 'mérité' d'être ici, comme ils disent. Je n'ai rien fait qui en valle la peine. J'ai seulement fait un dessin.

Parlant - ou plutot pensant au - du dessin, je me laissai glisser contre le mur, dans un coin assez bien éclairer mais où je n'étais visible que de très prêt. Ouvrant mon cahier de dessin à la page de mon dessin en cours, je pris délicatement mon crayon et continuai les traits si lentement travaillés de l'enfant sur ma feuille. Je pouvais rester des heures ainsi... Mais la nostalgie dans le regard de l'enfant eut tôt fait de me faire tourner la page avant de me mettre à pleurer. Me retrouvant devant une page blanche, je mis de longue minute à réfléchir à ce que je pouvais bien dessiner, avant de laisser mon crayon lentement glisser sur le papier, au rythme de ce que ma mémoire lui dictait.

J'avais, sur l'heure de la pause d'aujourd'hui, croisé très brièvement un gars, assis à une table, seul. Sur le coup, je ne l'avais à peine remarqué, trop préoccupée à mettre un pied devant l'autre pour partir le plus vite possible et manger en paix. Mais maintenant que j'étais seule et au repos devant la feuille et armée de mon crayon, ses traits me revenaient en tête.

Le dessin est un art, mais avant tout une passion [A/N: Assez bien dit, pour une fille qui fait à peine des dessins allumettes, non?] qui doit se vivre profondément. Un dessin ne peut montrer de l'émotion qui si son auteur la ressentait lui même. Être capable de donner vie à un visage, c'est aussi magique que donner la vie elle-même. Je traçai lentement les épaules et le cou, prenant bien soin de leur donner de la virilité et du muscle, puis je relevai la tête d'un coup.

J'entendais des pas, résonner dans le couloir. Une seconde me permis de déterminer que c'était une personne seule, et au rythme, probablement un garçon. Mais avant que j'aie pu tourner la tête dans la direction que mes oreilles m'indiquaient, c'est plutot mon sixième sens qui m'indiqua qu'on me fixait. Instinctivement, je mis ma main sur mon dessin avant de me tourner et regarder la personne qui était maintenant presque en face de moi.

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Les mains dans les poches, j'avançais lentement mais surement dans les corridors vident et déprimant de l'école Fichard. N'étant pas quelqu'un de très approchable, disons le franchement, je dînais et travaillais seul. Même si l'envie d'être près de quelqu'un, d'avoir un ami ou une amie tout simplement me parvenait parfois à l'esprit, j'acceptais le fait de la solitude.

En marchant, je repensais à ce mot ; solitude. En sois, la solitude n'était pas si mal! J'ai ma propre tête, mes propres pensées. Je n'ai aucunement besoin de penser aux autres, de penser à ce qu'ils pensent, ou ce qu'ils pensent de moi. Juste à me l'imaginer, j'ai la tête qui tourne. Par exemple, pendant les cours, j'ai personne à qui parler. Je n'ai rien d'autre à faire que d'écouter et de noter. C'est surement l'une des raisons de mes A et A+.

J'ai du faire le tour de l'école une dizaine de fois que j'aperçus, près de cases, une jeune blonde, assise par terre. Lorsqu'elle tourna sa tête, j'arrêtai de marcher. Comment une demoiselle pouvait avoir de si beaux yeux ? Une blonde en plus! Je suis sur que si colle mes oreilles devant son visage, j'entendrais la mer tellement ils sont bleu. Ne voulant pas avoir l'air stupide, j'avançai vers elle pour l'aborder.

-Hum... Bonjour...

Voilà, ma voix ce transformais. Elle passa de grave à virile à aigu et efféminée. Surement l'un de mes traits que je répugnais le plus. Comment un gars, costaud comme moi , pouvait-il avoir une voix comme ça ? La nervosité me pris.

- On ne se connait pas mais... hum. Bah hum. Je vois que tes seule. Tu sais, moi aussi je suis toujours seul. Ouep. Mais tu sais, la solitude n'est pas toujo...

*Voyons. Reprend toi. Elle est jolie, certes, mais tu peux faire mieux.*
Sa voix grave et masculine revint aussitôt et il sourit avec assurance. Il racla sa gorge.

- Bon. Comme je disais, je vois que tu es seule. Et que tu dessines !

Une artiste, quel bonheur ! Peut-être pourrait-elle m'apprendre...

- Dis, tu pourrais me montrer tes dessins ?

"Non, certainement pas", aurait été ma première réponse à sa dernière question. Autant quelques secondes plus tôt j'aurais pu être amusée par sa nervosité - il était vraiment nerveux, là?? - que sa demande m'avait totalement refroidi. Sa maman lui a jamais expliqué comment la vie fonctionne? *soupir mental* On ne demande JAMAIS à une fille de lui montrer son cahier à dessin, surtout quand tu es la personne qu'elle était justement en train de dessiner. Mouais... Il était peut être pas au courant du deuxième point, par contre!

C'est donc intelligente comme je suis que je décidai d'ignorer complètement sa présence... Non ça c'est méchant. Alors j'ignorai seulement sa demande et remontai en arrière dans ses paroles. Belles, belles résolutions... Mais quand je levai la tête vers lui et que mes yeux tombèrent face à face avec son cou - oui oui! le cou super musclé est masculin que je dessinais quelques instants plus tôt! - je déglutis difficilement et du me retenir de baisser la tête à nouveau. Je lui fis un sourire rendu fade par la nervosité et fermai mon cahier en me levant. S'il était pour rester, alors aussi bien être debout aussi et non soumise à ses pieds! Complètement à côté de la plaque, mais bon.

Je devais faire environ une tête de moins que lui. Effrayant, n'est-ce pas? Un vrai film d'horreur. Il n'était pas toujours facile de savoir si les gars ont des bonnes intentions ou pas. C'est étranges les mecs... C'est si facile de leurs faire confiance... Mais stop la philo, et parle, bon Dieu! Il va croire que tu es muette!

- Hum oui... Je suis seule. Mais je voudrais bien entendre ta réflexion sur la solitude! Tu ne l'as pas complétée!

Mission 'ignorons la question' accomplie! Et je viens dire que je suis une fille timide? Bah ouais. Mais seulement de l'intérieur, pour ne pas montrer aux vilains garnements qu'en fait j'ai peur d'eux! Question de m'empêcher de suivre la courbe de ses épaules, je baissai la tête vers mes mains qui jouaient nerveusement avec mon crayon. Mais pas possible de le faire bien longtemps, avec ce regard qui fixe. Ce mec semble si profond et intelligent. C'est rare, ici, dans cette école.

Mais qu'est-ce qui arrive toujours quand je suis nerveuse et que mes mains sont à la portée d'un objet? L'objet en question finit toujours par se retrouver sur le sol, bien sur. Le damné son du crayon sur le plancher raisonna longtemps dans ma tête. Mais elle devait être au ralentit parce qu'une seconde après je me penchais déjà pour le ramasser. Ma main se tendit pour le prendre mais c'est exactement à ce moment précis qu'une autre main surgit dans mon champs de vision, se dirigeant vers le même point x.

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Lorsqu'elle se leva ,je pu admirer sa splendeur en entier. Elle était si belle... Avec des s... Hm, Reprend-toi. Par contre, au tout début elle m'ignorais. Elle faisait comme si je n'étais pas là mais maintenant, elle me pose une question et me regarde. Contradictoire, la fille. Mais, ne pouvant pas résister, je répondis à sa question.

- Bah... En fait, c'est plus quelque chose que je me dis à moi même pour me consoler... Tu vois, j'ai personne ici à qui parler, avec qui rire. Je suis pas une personne qui va vers les gens normalement, mais c'est différent avec toi j'imagine. Mais bon, je me dis que la solitude est une bonne chose dans certains cas... Que j'ai à me soucier que de moi même. Pas que je me fou des autres, mais...Puisque que personne se soucie de moi, je pense qu'a moi.

Il se gratta la tête comme pour détourner son attention. Pendant tout son ''speech'' sur sa vie misérable, il l'avait regarder dans les yeux. La tentation était là, définitivement, mais il ne l'a connaissait même pas ! Puis, comme dans tous les films romantiques clichés, la où les deux personnes se s'accroupissent en même temps et se regardent dans les yeux, elle échappa son crayon. Volontaire, involontaire ? Peu importe. Au même moment qu'elle, je me penchai pour ramasser le crayon qu'elle avait laissé tombé, le crayon signe de nervosité. Comme elle était plus rapide, sa main touchait déjà le sol. Sans s'en rendre compte, il posa la sienne doucement sur la main douce d'une personne charmante qui l'attirait. Le coup de foudre, comme on dit. Il leva la tête doucement, et la fixa.

Discours intéressant sur la solitude... Et en plus que, je m'y sens particulièrement attachée. Ce petit geste qu'il fit tout de suite après - celui que se passer la main dans les cheveux comme embarrassé - était tout à fait rempli de sex-appeal. Comment ce gars ne pourrait-il pas être attirant? Bien impossible selon moi. Il donne l'impression qu dans tout ce qu'il fait - même manger des sushis - il le ferait avec grâce. Mais ce n'est peut être pas vrai pour les sushis... personne au monde ne peut manger ça avec élégance!

C'est quand mon crayon tomba et que nos regards se croisèrent que mon esprit perdit les pédales. Je me perdis dans ses yeux, magnifiques, et aurait voulu y rester plus longtemps. Ce gars avait définitivement un truc plus qu'attirant. Mais quoi, ça c'était encore une question - existentielle dans mon cas. Sa main, posée sur la mienne, faisait comme courir des frissons tout le long de mon bras. Tout aurait pu être simple, si ces deux contacts - le visuel et le physique - n'avaient pas eut lieu. Où du moins ne s'étaient pas produits en même temps. J'aurais voulu ma main reste longtemps - très longtemps - près de la sienne. Et que mon regard se perde indéfiniment dans le sien. Mais la situation me revint rapidement en tête. Je n'avais jamais parlé à ce type avant. Alors ce n'est pas bien de ressentir ce que je ressentais.

Je bredouillai quelques mots incompréhensibles et me levai en rompant d'un cou le contact visuel - en baissant la tête - et le contact de nos mains l'une sur l'autre - en me levant, bien sur.

- Je... Désolée.

Je commençai vite fait à ranger mon crayon dans ma poche, là où il ne pourrait pas tomber et entreprit de faire demi tour pour partir vers les reste de l'école. J'aurais bien réussi, s'il n'avait pas eu cette main - chaude, au passage, et agréablement agréable - pour me retenir.

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C'est dans ce genre de moment que nos sens ne suivent plus, notre cerveau est perdu et nos pensées s'envolent. C'est dans ces moments que l'excès prend le dessus sur la modération. Un petit geste aussi anodin qu'un regard devient l'objet d'un grande passion, d'une indéfinissable tentation. Nos regards qui se sont croisés étaient le comble. Je n'en pouvais plus. Mais au fond, c'était la première fois qu'on se voyait, qu'on se parlait... Ce n'était pas trop mon genre, mais on dirait qu'avec elle j'étais prêt a faire une exception...

Puis, dans un élan, elle se leva et se prépara à partir. Qu'avais-je fais de mal ? Pourtant, elle avait l'air aussi déstabilisée que moi, aussi hypnotisée... Peut-être était-elle gênée ? Peu importe ce que c'était, j'étais déterminé à le faire passé. C'est vrai, on ne laisse pas partir un coup de foudre comme ça. C'était la première fois que je ressentais une telle attirance envers quelqu'un et jamais j'allais la laissé partir. Ce qui me surpris le plus fut le désolé. Désolée de quoi ? Désolée de m'avoir charmé ? Désolée d'être magnifique ? Désolée de m'attirer ? Franchement.

Puis , je ressenti une autre facette du coup de foudre ; les actions qu'on ne contrôle pas. Lorsqu'elle tourna le talon, je pris son bras. Je n'avais pas prévu ça. Je ne réfléchissais qu'a l'a garder avec moi. La scène me faisait un peu trop penser à un film d'amour, puisqu'en la retournant vers moi, elle tournoya comme une princesse pour se retrouver face à moi. Dans un élan, je l'amenai vers moi et posai mes lèvres sur les siennes, tranquillement et délicatement. Je croyais rêvé. Moi, Matthew Turner, venait d'embrasser une fille après même pas 15 minutes de conversation ? C'était un record dans mon cas, et probablement dans le sien aussi. Après ce pur moment d'extase, je retirai mes lèvres et posai mes mains sur ses hanches. Avec un petit sourire moqueur, je chuchotai ;

-Désoler...